18. En marche vers l'amour
« Ce qui se passera de l’autre côté quand tout pour moi aura basculé dans l’éternité, je ne le sais pas. Je crois, je crois seulement qu’un Amour m’attend.Je sais pourtant qu’alors il me faudra faire pauvre et sans poids le bilan de ma vie. Mais ne pensez pas que je désespère. Je crois, je crois tellement qu’un Amour m’attend.
Ne me parlez pas des gloires et louanges des bienheureux et ne me dites rien non plus des anges. Tout ce que je peux, c’est croire obstinément qu’un Amour m’attend.
Maintenant mon heure est proche et que dire ? Oh ! mais sourire. Ce que j’ai cru, je le croirai plus fort au pas de la mort. C’est vers un Amour que je marche en m’en allant. C’est dans un Amour que je descends doucement.
Si je meurs, ne pleurez pas ! C’est un Amour qui me prend. Si j’ai peur, et pourquoi pas ? rappelez-moi simplement qu’un Amour, un Amour m’attend.
Il va m’ouvrir tout entière à sa Joie, à sa Lumière. Oui, Père, je viens à toi dans le vent dont on ne sait ni d’où il vient, ni où il va… vers ton Amour, un Amour qui m’attend… »
Une Carmélite
En mars 1996, j’ai entamé mon premier journal de bord. Ce n’était plus le journal intime de mon adolescence. Ce n’était pas encore les écrits quotidiens d’aujourd’hui où je m’adresse à Dieu, mais c’était le début d’une trace solide de mon chemin de vie. Lors des camps, je tenais un journal de bord que j’arrêtais dès mon retour à la maison. Depuis 1996, j’ai posé régulièrement sur papier des morceaux de ma vie. J’ai rempli une trentaine de cahiers à ce jour.
Je me posais des questions sur l’amour. J’avais 29 ans et j’étais toujours célibataire. Je n’avais jamais rencontré un homme dont j’étais tombée amoureuse. Des hommes auraient eu envie de nouer une relation avec moi mais je ne ressentais que de l’amitié pour eux. D’autres m’avaient attirée physiquement mais je ne les trouvais pas intéressants à côtoyer. Aucun n’alliait l’attrait de l’être intérieur et de son enveloppe. Lorsqu’un homme était attiré par moi, je sentais un phénomène étrange. C’était difficile à décrie autrement que comme un épaississement de l’air. Je ressentais entre lui et moi quelque chose de dense mais qui ne m’était pas agréable. C’était un peu oppressant, la sensation qu’il voulait me prendre quelque chose. Cela me faisait chercher de la distance entre nous. Donc, je n’avais jamais eu de relation amoureuse. Personne avec qui faire l’amour par amour. Je me demandais au fil du temps si je n’étais pas faite pour devenir une religieuse. J’aimais tellement les temps de lecture de la Bible et la méditation sur Dieu, les prières et parler de Lui, que je me voyais bien dans un couvent. Ma marraine, Sœur Odette, était une religieuse lumineuse et inspirante. Nous avions une belle relation et j’aimais parler avec elle. Pourquoi ne pas faire comme elle ?
Où était ma place ? J’en ai parlé dans ma cellule de prière. Un des membres du groupe m’a dit d’attendre un peu avant de faire des démarches. Il a vu un bateau lorsqu’il a prié pour moi. Sa coque était à demi dans l’eau, à demi dans l’air. « Peut-être que tu dois rester entre les deux, entre le ciel et la terre ? »
Dans mon journal de bord, quelques courts extraits :
Le 2 avril 1996
Béatrice, de notre cellule de prière, a rencontré Markus.
Et moi ? Un Amour m’attend…
Le 4 avril 1996
Jeudi Saint avec le prêtre Jacques Gaillot. Regard clair, voix douce d’un homme habité d’une force… Rencontre forte en tête-à-tête. Il sait si bien écouter. C’est un homme infiniment bon. Le suivre ?
Le 5 avril 1996
Vendredi Saint. Jeûne. Nuit de veille
C’est la croix qui sert de passerelle unique pour passer par-dessus nos différences, nos exclusions, nos marginalisations.
Puis, la parabole du bon Samaritain, celui qui m’aide.
Et ma difficulté à demander, à accepter l’aide et à aimer l’aidant. C’est comme si j’étais toujours en charge d’être redevable !
Prière.
Le 6 avril 1996
Ardoise à zéro.
Et oser demander.
Le 10 avril 1996
Un inconnu dans la rue m’a demandée en mariage. Vive le printemps !
Le 21 avril 1996
« Frappez et je vous ouvrirai ».
Christ est la Porte. Où est la clé ?
Je désire que la porte des relations s’ouvre, celle de l’amitié et de l’amour.
Le 22 avril 1996
Il y a 3 portes devant moi.
- L’Afrique pour rejoindre Joëlle pendant mes vacances d’été
- Un époux
- Mon avenir professionnel
Le 28 avril 1996
Lecture d’un texte de Georges Haldas, le chant d’un merle. Et je me retrouve dans le cœur de la petite église de Saint-Sulpice, vitrail bleu, Marie de Magdala lave les pieds du Christ, les essuie de ses cheveux. Plus loin que le silence, les oiseaux, comme des trouées, non, plutôt comme des fleurs jetées au ciel, broderie colorée, grains de vie. Pensée à l’instant, là, aux pieds de Jésus « je pourrais rester là toute ma vie ».
Le 3 mai 1996
Le Seigneur fait alliance avec moi.
Il y a un arc-en-ciel.
Le 5 mai 1996
Ne pas demander au Seigneur si je vais rencontrer un homme ou que j’en rencontre un, mais comment le rencontrer.
Dès le 8 mai, je me suis adressée à Dieu dans mon journal de bord. Une nouvelle intimité s’est installée.
10 mai 1996
Je chante dans le chœur pour le Jour du Christ.
Hier soir, répétition.
Ensuite nuit à la Main Tendue, des louanges plein la tête. Paix. Et des appelants qui me parlent presque tous de Toi, Seigneur, quel bonheur ! En plus, voilà que j’apprends que cette habituée fait partie du chœur et elle m’en parle cette nuit-là ! Il y a aussi l’autre appelant, celui que j’ai déjà vu et reconnu, qui y est. Vertige : combien d’autres appelants est-ce que je côtoie dans ma vie ?
Et dans Ton Eglise ?
Le 14 mai 1996
Confiance en toi. Tu es là tout le temps. Oter les assurances, les harnais de sécurité. Oser.
Le 27 mai 1996
Faire sauter les cloisons !!!
Le 9 juin 1996
Merveilleux culte de l’Alliance.
J’ai besoin de renouveau, de sources. Désir d’aller dans la prière d’écoute et la paix vient, la Joie aussi.
Ce soir, verrée de départ avec Hallel. Voilà, une page se tourne pour…
Impression de liberté, de liens rompus.
Je lis Actes 4. En fait, dans la maison-oasis de mon enfance, on a vécu comme les premiers chrétiens, guérisons d’infirmes en moins (quoique…)
Le 19 juin 1996
Jour du Christ. « Tous dans la course à la Pontaise » 400 choristes, 25'000 personnes.
Ce fût extraordinaire, un stade plein qui Te loue, des coureurs au soleil, des frissons qui parcourent l’assemblée et tous ces gens connus ! Alléluia !
Le 21 juin 1996
C’est l’été ! A la grillade de la cellule de prière, j’ai parlé de mon désir d’époux. J'ai demandé qu'ils prient pour moi.
Le 30 juin 1996
Hier, j’ai rencontré Fabian. Je suis complètement perdue, déboussolée…
Ne me parlez pas des gloires et louanges des bienheureux et ne me dites rien non plus des anges. Tout ce que je peux, c’est croire obstinément qu’un Amour m’attend.
Maintenant mon heure est proche et que dire ? Oh ! mais sourire. Ce que j’ai cru, je le croirai plus fort au pas de la mort. C’est vers un Amour que je marche en m’en allant. C’est dans un Amour que je descends doucement.
Si je meurs, ne pleurez pas ! C’est un Amour qui me prend. Si j’ai peur, et pourquoi pas ? rappelez-moi simplement qu’un Amour, un Amour m’attend.
Il va m’ouvrir tout entière à sa Joie, à sa Lumière. Oui, Père, je viens à toi dans le vent dont on ne sait ni d’où il vient, ni où il va… vers ton Amour, un Amour qui m’attend… »
Une Carmélite
En mars 1996, j’ai entamé mon premier journal de bord. Ce n’était plus le journal intime de mon adolescence. Ce n’était pas encore les écrits quotidiens d’aujourd’hui où je m’adresse à Dieu, mais c’était le début d’une trace solide de mon chemin de vie. Lors des camps, je tenais un journal de bord que j’arrêtais dès mon retour à la maison. Depuis 1996, j’ai posé régulièrement sur papier des morceaux de ma vie. J’ai rempli une trentaine de cahiers à ce jour.
Je me posais des questions sur l’amour. J’avais 29 ans et j’étais toujours célibataire. Je n’avais jamais rencontré un homme dont j’étais tombée amoureuse. Des hommes auraient eu envie de nouer une relation avec moi mais je ne ressentais que de l’amitié pour eux. D’autres m’avaient attirée physiquement mais je ne les trouvais pas intéressants à côtoyer. Aucun n’alliait l’attrait de l’être intérieur et de son enveloppe. Lorsqu’un homme était attiré par moi, je sentais un phénomène étrange. C’était difficile à décrie autrement que comme un épaississement de l’air. Je ressentais entre lui et moi quelque chose de dense mais qui ne m’était pas agréable. C’était un peu oppressant, la sensation qu’il voulait me prendre quelque chose. Cela me faisait chercher de la distance entre nous. Donc, je n’avais jamais eu de relation amoureuse. Personne avec qui faire l’amour par amour. Je me demandais au fil du temps si je n’étais pas faite pour devenir une religieuse. J’aimais tellement les temps de lecture de la Bible et la méditation sur Dieu, les prières et parler de Lui, que je me voyais bien dans un couvent. Ma marraine, Sœur Odette, était une religieuse lumineuse et inspirante. Nous avions une belle relation et j’aimais parler avec elle. Pourquoi ne pas faire comme elle ?
Où était ma place ? J’en ai parlé dans ma cellule de prière. Un des membres du groupe m’a dit d’attendre un peu avant de faire des démarches. Il a vu un bateau lorsqu’il a prié pour moi. Sa coque était à demi dans l’eau, à demi dans l’air. « Peut-être que tu dois rester entre les deux, entre le ciel et la terre ? »
Dans mon journal de bord, quelques courts extraits :
Le 2 avril 1996
Béatrice, de notre cellule de prière, a rencontré Markus.
Et moi ? Un Amour m’attend…
Le 4 avril 1996
Jeudi Saint avec le prêtre Jacques Gaillot. Regard clair, voix douce d’un homme habité d’une force… Rencontre forte en tête-à-tête. Il sait si bien écouter. C’est un homme infiniment bon. Le suivre ?
Le 5 avril 1996
Vendredi Saint. Jeûne. Nuit de veille
C’est la croix qui sert de passerelle unique pour passer par-dessus nos différences, nos exclusions, nos marginalisations.
Puis, la parabole du bon Samaritain, celui qui m’aide.
Et ma difficulté à demander, à accepter l’aide et à aimer l’aidant. C’est comme si j’étais toujours en charge d’être redevable !
Prière.
Le 6 avril 1996
Ardoise à zéro.
Et oser demander.
Le 10 avril 1996
Un inconnu dans la rue m’a demandée en mariage. Vive le printemps !
Le 21 avril 1996
« Frappez et je vous ouvrirai ».
Christ est la Porte. Où est la clé ?
Je désire que la porte des relations s’ouvre, celle de l’amitié et de l’amour.
Le 22 avril 1996
Il y a 3 portes devant moi.
- L’Afrique pour rejoindre Joëlle pendant mes vacances d’été
- Un époux
- Mon avenir professionnel
Le 28 avril 1996
Lecture d’un texte de Georges Haldas, le chant d’un merle. Et je me retrouve dans le cœur de la petite église de Saint-Sulpice, vitrail bleu, Marie de Magdala lave les pieds du Christ, les essuie de ses cheveux. Plus loin que le silence, les oiseaux, comme des trouées, non, plutôt comme des fleurs jetées au ciel, broderie colorée, grains de vie. Pensée à l’instant, là, aux pieds de Jésus « je pourrais rester là toute ma vie ».
Le 3 mai 1996
Le Seigneur fait alliance avec moi.
Il y a un arc-en-ciel.
Le 5 mai 1996
Ne pas demander au Seigneur si je vais rencontrer un homme ou que j’en rencontre un, mais comment le rencontrer.
Dès le 8 mai, je me suis adressée à Dieu dans mon journal de bord. Une nouvelle intimité s’est installée.
10 mai 1996
Je chante dans le chœur pour le Jour du Christ.
Hier soir, répétition.
Ensuite nuit à la Main Tendue, des louanges plein la tête. Paix. Et des appelants qui me parlent presque tous de Toi, Seigneur, quel bonheur ! En plus, voilà que j’apprends que cette habituée fait partie du chœur et elle m’en parle cette nuit-là ! Il y a aussi l’autre appelant, celui que j’ai déjà vu et reconnu, qui y est. Vertige : combien d’autres appelants est-ce que je côtoie dans ma vie ?
Et dans Ton Eglise ?
Le 14 mai 1996
Confiance en toi. Tu es là tout le temps. Oter les assurances, les harnais de sécurité. Oser.
Le 27 mai 1996
Faire sauter les cloisons !!!
Le 9 juin 1996
Merveilleux culte de l’Alliance.
J’ai besoin de renouveau, de sources. Désir d’aller dans la prière d’écoute et la paix vient, la Joie aussi.
Ce soir, verrée de départ avec Hallel. Voilà, une page se tourne pour…
Impression de liberté, de liens rompus.
Je lis Actes 4. En fait, dans la maison-oasis de mon enfance, on a vécu comme les premiers chrétiens, guérisons d’infirmes en moins (quoique…)
Le 19 juin 1996
Jour du Christ. « Tous dans la course à la Pontaise » 400 choristes, 25'000 personnes.
Ce fût extraordinaire, un stade plein qui Te loue, des coureurs au soleil, des frissons qui parcourent l’assemblée et tous ces gens connus ! Alléluia !
Le 21 juin 1996
C’est l’été ! A la grillade de la cellule de prière, j’ai parlé de mon désir d’époux. J'ai demandé qu'ils prient pour moi.
Le 30 juin 1996
Hier, j’ai rencontré Fabian. Je suis complètement perdue, déboussolée…