Éducatrice spécialisée HES-SO, coach membre de SECA, enseignante, auteure, peintre

21. L’ombre et la lumière

26 août 1996
Jérémie 1 :3 « Avant de te façonner dans le sein de ta mère, avant que tu ne sortes de son ventre, je te connaissais ».
Angine à streptocoques, mononucléose ?
Seigneur, conduis-moi, conduis-nous, guéris-moi !

 
J’avais des symptômes étranges depuis l’Afrique. Parfois, mes jambes et mes joues gonflaient un peu. Je me sentais fatiguée. Mon médecin était un généraliste qui avait aussi étudié la médecine tropicale. Il s’est mis à investiguer. Mes analyses sanguines n’étaient pas conformes aux attentes. J’avais beaucoup trop de CPK, une enzyme musculaire. Les recherches ont commencé…
 
Je suis allée marcher le long du lac jusqu’à la petite église de Saint-Sulpice. Là, sous le vitrail bleu, à côté de Marie de Magdala aux pieds de Jésus, j’ai demandé ce qu’Il pensait des projets de mariage que Fabian et moi caressions. Un silence doux comme une plume m’a répondu. Un duvet léger et tiède m’enveloppait. En moi, il y avait une source limpide, pure, qui coulait lentement. Ce fût une réponse claire comme de l’eau de roche.

Lorsque j’ai parlé de ma rencontre avec Fabian à mes parents lors d’un piquenique familiale, mon papa a eu un grand sourire et ma maman s’est levée pour courir à travers un champ en criant de joie.
Ma sœur a éclaté de rire en apprenant que l’homme de ma vie était un physicien suisse alémanique. Ce ne fût pas la seule à trouver cela très drôle.
L'histoire de notre coup de foudre était si romantique qu'elle se racontait parmi nos proches.
Une de mes amies célibataire m'a même demandé dans quel magasin précisément nous nous étions rencontrés.
 
13 octobre 1996
Je participe à un atelier de figures bibliques à Notre-Dame de la Route
Adam et Eve étaient nus, sans honte.
Faut-il couvrir sa nudité ou l’habiter ?
 
14 octobre 1996
Nous sommes des êtres faits pour la lumière. Notre peau, comme des nuages venus du péché, cache notre lumière intérieure venue de Dieu.
Dieu épouse l’humanité, il la revêt comme d’un manteau de sa gloire.
Epoux-épouse : se revêtir mutuellement de gloire, dans le don de soi, dans le don de l’Amour, sans le posséder.
Devenir vêtement de l’autre, comme le manteau qui est fait non pour soi-même mais pour couvrir l’autre. Je couvre la nudité de l’Autre.
Notre vocation : être un manteau pour le Seigneur. Nous sommes le temple du Seigneur. Il nous imprègne de sa présence.
Le mariage est un sacrement, un signe sacré de notre relation à Dieu. C’est beau, c’est grand !

Le mariage est une vocation difficile et merveilleuse : l’amour unique, la fidélité.
Donner notre humanité comme un vêtement pour le Seigneur.
 
16 octobre 1996
Ai-je la vocation du mariage ? Si j’y pense, je ne me vois que l’épouse de Fabian, à ses côtés toute la vie. J’ai follement envie de me donner toute à lui, lui faire don de moi et l’aimer justement, pleinement. Mon dessin du mariage change.
L’abbé Maurice, que je questionne sans cesse, écarte le péché de la chair pour parler de l’unicité de l’Amour. C’est beau !

 
En décembre 1996, nous décidons de nous marier. Un mois plus tard, lors de la fête pour mes 30 ans, nous l’annonçons à nos familles. Le mariage aura lieu le 23 août.

Epouser l’être aimé, c’est faire union avec sa famille. Les parents de Fabian, Vreni et Edgar, m’ont accueillies avec chaleur. Vreni m’a serré dans ses bras dès que je suis entrée chez eux. Ils avaient dressé une immense table avec toute la famille. Les deux frères de Fabian et leur compagne, sa sœur, sa grand-maman…
Intimidée et peu à l’aise en allemand, j’ai poussé un soupir de soulagement lorsque j’ai réalisé qu’ils m’avaient délicatement installée devant un des frères et sa compagne qui parlaient tous les deux un français bien meilleur que mon allemand.
Je me suis tout de suite sentie la bienvenue parmi eux.

Parallèlement aux préparatifs du mariage, les investigations au sujet de ma santé ont continué. Les CPK augmentaient toujours plus. Mon médecin s’inquiétait. Il m’a envoyée faire des tas d’examens. Par exemple, une échographie pour voir si je n’avais pas une tumeur à un organe.
Je jonglais entre la joie de ma vie, de nos projets de couple et ces rendez-vous avec des professeurs un peu secs. Qu’avais-je ? On cherchait.

29 mai 1997
Ah, cette odeur d’été, cette odeur d’ombre fraîche, de matin d’eau !
 
17 juin 1997
Les champs de blé éclaboussés de coquelicots. Plus loin, des cercles de lavande, des jaillissements de bleus. L’été.
Je lis « Apprendre à vivre et à aimer » de Leo Buscaglia.
Il cite Saint-Exupéry « Peut-être que l’amour, c’est ce mouvement par lequel je te ramène doucement à toi-même »
Il écrit « Dans le monde, il n’y a qu’une personne comme vous. Embrassez-vous donc !
La vie est le cadeau que Dieu vous fait. La façon dont vous vivez votre vie est le cadeau que vous faites à Dieu. »