24. Être vitrail
3 novembre 1997
La biopsie a été faire. « Une p’tite biopsie » disait le Pr G., la bouche en cul-de-poule. Ce fût une vraie opération, oui. 1cm3 de muscle dans la cuisse.
Depuis quelques jours, je n’ai plus ces bouffées de larmes qui montaient du profond de moi. C’est calme et bon.
Avec Fabian, on fait le plein de tendresse et d’amour. Parfois, j’ai l’impression qu’il ne veut garder que le meilleur, vivre le doux, le gai et le tendre de notre relation, ne rien gâcher, en fait, profiter entièrement du temps qu’il nous reste. Son attitude me fait du bien, elle renforce mon positivisme. Nous nous faisons des déclarations d’amour sublimes, comme si c’était les dernières.
« Chante la vie, comme si tu devais mourir demain »
Le Dr N., mon gynécologue, m’a dit qu’une myopathie mitochondriale est douloureuse et que les muscles se rétractent. « On se ratatine ».
C’est terrible, mais je me sens en paix. Certitude extraordinaire que tu es là, Seigneur, à chaque seconde.
Il y a eu cette semaine, si belle, avec maman. Puis la soirée chez Nicole et les parents qui ont dormi chez nous. Notre déjeuner en commun a été suivi d’un moment douloureux. A leur départ, maman m’a serrée fort et a pleuré. Papa était troublé, les bras pendants. J’ai senti chez eux une telle peine. Je leur ai écrit une lettre pour leur dire ce que je vis réellement, au-delà de mon corps. J’ai écrit mon désir d’être une porteuse de la lumière du Christ, comme un vitrail.
Le lendemain, je leur téléphonais pour avoir une information et papa me répond, ému que ma lettre l’a beaucoup touché, que je suis quelqu’un d’extraordinaire.
C’est toi, Seigneur, qui l’es !
Tout en parlant, il me dit qu’il tripote du courrier sur le bureau. Il voit une lettre pour moi datée de janvier 97 et non ouverte. Il me propose de me la lire. J’étais très surprise de sa proposition. D’ordinaire, il me l’aurait envoyée. C’était une lettre du frère Gérard Marie. A la fin « Je te salue…en te souhaitant d’être ce vitrail qui se laisse traverser par la lumière et la Paix et qu’ainsi beaucoup soient resplendissant de Paix et de Joie »
Il avait joint à la lettre un texte :
« Vitrail et lumière
Chaque homme est un vitrail,
Le vitrail merveilleux et gigantesque d’une cathédrale.
Mais que peut-être un tel vitrail sans lumière ?
A Noël, une lumière s’est levée.
A Noël, est né celui qui illumine ma vie,
Même si je n’y trouve que des ténèbres.
Cette vie, je veux l’exposer à sa lumière,
Et le vitrail s’embrasera de couleurs,
Et beaucoup verront la lumière. »
Papa, en lisant, avait la voix de plus en plus émue. Il disait « C’est incroyable ! », riant, s’exclamant. J’entendais la joie grandir en lui et mon cœur dansait.
J’ai expliqué à papa que j’ai rencontré Gérard Marie à une session Personnalité et Relations Humaines à Saint-Maurice en 1991. C’est lors de cette session que j’ai acquis la conviction de mon désir d’être une porteuse de lumière, un vitrail. Déjà avant ma conversion. Tout se rejoint, tout s’encastre.
Je lui cite « Le hasard, c’est le nom que Dieu se donne lorsqu’il veut passer incognito »
Plus fort encore : papa veut m’envoyer la lettre. Il fouille dans son tiroir pour choisir une carte à joindre et là, paf ! La première carte retournée était une carte avec la photo d’un vitrail !
Il me l’a envoyée. Au dos, il a écrit « Un peu d’ombre, beaucoup de lumière. Je t’aime ! Le hasard est le nom… »
Ensuite, il y a eu le culte avec Guy Chautems. Il nous a dit que nous allions tous vers la transfiguration, vers ce rayonnement de lumière. A la bénédiction, il a dit : « Soyez remplis et débordants de Paix et de Joie »
Et moi je chante « Signes par milliers, traces de ta Gloire, signe par milliers, Dieu dans notre histoire ». MERCI
Et ce matin, Jacqueline de la Main Tendu m’écrit « Soleil, vie, amour, rayonnement de Saint-François » avec une carte, un soleil lumineux, flamboyant et un arbre de vie riche d’oiseaux.
Lecture de ce matin : Maurice Chappaz :
« Je vous demande :
Où vont les chants d’oiseaux
Quand les corps ne les enveloppent plus ?
Je voudrais que les baisers
Remplacent les chants d’oiseaux,
Qu’ils pépient dès l’aube
Sur tes joues, tes paupières.
Je voudrais que la nuit
Remplace le jour,
Que la prière
Remplace le travail,
Que le silence
Remplace les paroles.
Je voudrais que l’éternité
Remplace cette vie
Ne serait-ce qu’un instant »
N’est-ce pas ce que je vis ?
Tout à l’heure, Mark au téléphone « Tu es lumineuse et rayonnante, encore plus qu’avant » Décidément !
Dehors, le soleil éclate de rire.
Les croisements qui allaient s’entremêler au fil de ma vie devenaient de plus en plus visibles. J’aurais pu croire à du hasard, à de pures coïncidences, si je ne les avais pas notés et datés dans ces cahiers. Plus tard, en les relisant je les ai soulignées de bleu ciel. Mes cahiers sont ponctués de traits comme des espaces entre les nuages où le ciel se laisse entrevoir. Il y a des pages pleines de mots et d’autres plus bleutées. Parfois, c’est un bombardement, un feu d’artifice où les croisements se percutent et rebondissent. Mon chemin de vie est parsemé de flaques de lumière et de pierres bleues.
La biopsie a été faire. « Une p’tite biopsie » disait le Pr G., la bouche en cul-de-poule. Ce fût une vraie opération, oui. 1cm3 de muscle dans la cuisse.
Depuis quelques jours, je n’ai plus ces bouffées de larmes qui montaient du profond de moi. C’est calme et bon.
Avec Fabian, on fait le plein de tendresse et d’amour. Parfois, j’ai l’impression qu’il ne veut garder que le meilleur, vivre le doux, le gai et le tendre de notre relation, ne rien gâcher, en fait, profiter entièrement du temps qu’il nous reste. Son attitude me fait du bien, elle renforce mon positivisme. Nous nous faisons des déclarations d’amour sublimes, comme si c’était les dernières.
« Chante la vie, comme si tu devais mourir demain »
Le Dr N., mon gynécologue, m’a dit qu’une myopathie mitochondriale est douloureuse et que les muscles se rétractent. « On se ratatine ».
C’est terrible, mais je me sens en paix. Certitude extraordinaire que tu es là, Seigneur, à chaque seconde.
Il y a eu cette semaine, si belle, avec maman. Puis la soirée chez Nicole et les parents qui ont dormi chez nous. Notre déjeuner en commun a été suivi d’un moment douloureux. A leur départ, maman m’a serrée fort et a pleuré. Papa était troublé, les bras pendants. J’ai senti chez eux une telle peine. Je leur ai écrit une lettre pour leur dire ce que je vis réellement, au-delà de mon corps. J’ai écrit mon désir d’être une porteuse de la lumière du Christ, comme un vitrail.
Le lendemain, je leur téléphonais pour avoir une information et papa me répond, ému que ma lettre l’a beaucoup touché, que je suis quelqu’un d’extraordinaire.
C’est toi, Seigneur, qui l’es !
Tout en parlant, il me dit qu’il tripote du courrier sur le bureau. Il voit une lettre pour moi datée de janvier 97 et non ouverte. Il me propose de me la lire. J’étais très surprise de sa proposition. D’ordinaire, il me l’aurait envoyée. C’était une lettre du frère Gérard Marie. A la fin « Je te salue…en te souhaitant d’être ce vitrail qui se laisse traverser par la lumière et la Paix et qu’ainsi beaucoup soient resplendissant de Paix et de Joie »
Il avait joint à la lettre un texte :
« Vitrail et lumière
Chaque homme est un vitrail,
Le vitrail merveilleux et gigantesque d’une cathédrale.
Mais que peut-être un tel vitrail sans lumière ?
A Noël, une lumière s’est levée.
A Noël, est né celui qui illumine ma vie,
Même si je n’y trouve que des ténèbres.
Cette vie, je veux l’exposer à sa lumière,
Et le vitrail s’embrasera de couleurs,
Et beaucoup verront la lumière. »
Papa, en lisant, avait la voix de plus en plus émue. Il disait « C’est incroyable ! », riant, s’exclamant. J’entendais la joie grandir en lui et mon cœur dansait.
J’ai expliqué à papa que j’ai rencontré Gérard Marie à une session Personnalité et Relations Humaines à Saint-Maurice en 1991. C’est lors de cette session que j’ai acquis la conviction de mon désir d’être une porteuse de lumière, un vitrail. Déjà avant ma conversion. Tout se rejoint, tout s’encastre.
Je lui cite « Le hasard, c’est le nom que Dieu se donne lorsqu’il veut passer incognito »
Plus fort encore : papa veut m’envoyer la lettre. Il fouille dans son tiroir pour choisir une carte à joindre et là, paf ! La première carte retournée était une carte avec la photo d’un vitrail !
Il me l’a envoyée. Au dos, il a écrit « Un peu d’ombre, beaucoup de lumière. Je t’aime ! Le hasard est le nom… »
Ensuite, il y a eu le culte avec Guy Chautems. Il nous a dit que nous allions tous vers la transfiguration, vers ce rayonnement de lumière. A la bénédiction, il a dit : « Soyez remplis et débordants de Paix et de Joie »
Et moi je chante « Signes par milliers, traces de ta Gloire, signe par milliers, Dieu dans notre histoire ». MERCI
Et ce matin, Jacqueline de la Main Tendu m’écrit « Soleil, vie, amour, rayonnement de Saint-François » avec une carte, un soleil lumineux, flamboyant et un arbre de vie riche d’oiseaux.
Lecture de ce matin : Maurice Chappaz :
« Je vous demande :
Où vont les chants d’oiseaux
Quand les corps ne les enveloppent plus ?
Je voudrais que les baisers
Remplacent les chants d’oiseaux,
Qu’ils pépient dès l’aube
Sur tes joues, tes paupières.
Je voudrais que la nuit
Remplace le jour,
Que la prière
Remplace le travail,
Que le silence
Remplace les paroles.
Je voudrais que l’éternité
Remplace cette vie
Ne serait-ce qu’un instant »
N’est-ce pas ce que je vis ?
Tout à l’heure, Mark au téléphone « Tu es lumineuse et rayonnante, encore plus qu’avant » Décidément !
Dehors, le soleil éclate de rire.
Les croisements qui allaient s’entremêler au fil de ma vie devenaient de plus en plus visibles. J’aurais pu croire à du hasard, à de pures coïncidences, si je ne les avais pas notés et datés dans ces cahiers. Plus tard, en les relisant je les ai soulignées de bleu ciel. Mes cahiers sont ponctués de traits comme des espaces entre les nuages où le ciel se laisse entrevoir. Il y a des pages pleines de mots et d’autres plus bleutées. Parfois, c’est un bombardement, un feu d’artifice où les croisements se percutent et rebondissent. Mon chemin de vie est parsemé de flaques de lumière et de pierres bleues.