31. Je vais vivre
2 novembre 1999
ÇA Y EST !
Sur le répondeur tout à l’heure, la voix du Professeur Dayer « J’ai de bonnes nouvelles pour vous… Rien de pathologique dans les analyses qui ont été faites ».
Tombée sur le tapis. Crise de larmes et des cris bouche fermée. Seigneur, Seigneur, merci, merci, merci. Tumulte. Pensées entrechoquées. Certitude de ma guérison.
Fabian n’est pas là ce soir. Téléphoner à Caroline! Mais je sanglote. Le téléphone sonne. C’est Caroline ! Joie partagée et calme qui revient.
Puis lecture de Ta Parole. Jacob qui marche aux pas des enfants et dit « Tout me vient de Dieu ». Larmes de reconnaissance, à nouveau.
OUI, TOUT ME VIENT DE DIEU.
Dans « La mort intime » de Marie de Hennezel, je lis ceci « Mon enfant, la vie se donne à ceux qui la prennent à bras-le-corps. N’ayez peur de rien, vivez ! Vivez tout ce qui se présente, car tout, tout est DON DE DIEU !»
Vis et n’aie peur de rien car tout est don de Dieu. Voilà ! J’essaie.
Nous n’avions pas de téléphone portable en ce temps-là. J’ai donc dû attendre le retour de Fabian le lendemain pour lui annoncer la nouvelle. Il s’est éclairé d’un coup en s’écriant « J’en étais sûr ! ». Il m’a dit que quand il me regardait vivre, il ne pouvait pas du tout croire que j’allais bientôt mourir.
Nous avons fait la fête !
12 novembre 1999
Echange téléphonique avec le Professeur Dayer.
Un grand cri retentit dans le ciel. Alléluia, nous pouvons enfanter ! J’arrête la pilule !
16 novembre 1999
J’ai écrit une lettre sur un papier jaune tournesol. Je l’ai envoyée loin à la ronde, famille, amis, mes proches.
« A vous qui comptez pour moi, amis, famille,
J’ai passé trois ans dans la main de Dieu, là, dans le creux tiède. Trois ans à vivre dans Son souffle paisible. Trois ans incroyablement doux, incroyablement bons.
Trois ans riches de la tendresse de Fabian. Nourrie par son amour vivifiant. Trois ans de maturation pour notre couple, dans la clarté des mots et le chant des gestes.
Trois ans marqués par vos regards, vos sourires, par vos bras qui me serrent, par vos larmes aux miennes mêlées, par vos lettres, vos phrases, vos pensées-lumière, vos prières. Trois ans de vos voix parfois cassées qui se mettent à rire.
Et toute cette espérance…
Je viens d’apprendre dans ma chair que la vie gagne. Que les promesses sont tenues. Et que nous sommes des passeurs de vie.
Enfin mon corps s’harmonise avec mon âme… Délestée, libre… Plus de menace en héritage. Fabian et moi pourrons transmettre à nos futurs enfants le goût de la vie, de l’amour, celui de Dieu et le vôtre.
Merci pour l’indispensable de chacun de vous.
Et bienvenue dans ma nouvelle vie ! »
19 novembre 1999
Première neige. Je suis allée voir la forêt. Le silence, en haut, avec la neige qui s’est remise à tomber. Des petits flocons accrochés aux cils, j’ai écouté l’impressionnante immobilité des arbres. Un m’a appelée et j’ai collé mon corps au tronc. Il était chaud, vivant. Mes bras autour de lui, c’était comme s’il m’enveloppait. Le silence de la forêt était majestueux, ample, dense, fort.
Je suis Ta fille, Seigneur.
1er décembre 1999
J’ai reçu une lettre superbe de Sybille en réponse à la mienne. Plusieurs personnes qui ont reçu ma lettre faire-part de vie et d’espérance ont cru que j’annonçais une grossesse. Il y avait des lettres charmantes.
J’ai lu ceci « …ceux qui pleurent, …ceux qui crient, …ceux qui n’osent pas prier. C’est à eux que je veux donner la preuve, en les aimant comme toi, que tu viens à leur rencontre »
7 décembre 1999
Seigneur, Tu me libères. Je désire avoir des enfants et j’en aurai. Je me vois enceinte. Toute crainte a disparue. J’ai réalisé que Dieu sera là. Je ne serai jamais une mère seule et désespérée dans une ville étrangère, comme ma mère au début. Caroline était tombée du lit, et maman courait, en larmes, son bébé dans les bras à travers Bienne pour aller en urgence chez le pédiatre. Elle avait à peine 19 ans.
Tout nous est donné par Lui et Il est partout. Que craindre ?
10 décembre 1999
Je danse, je danse.
14 décembre 1999
L’autre soir, la voix tremblante de Pascale qui me raconte les larmes de Jacques lorsqu’il a lu ma lettre. Son émotion lorsqu’elle a parlé de ces 3 ans. Puis la voix fendue de Jacques quand il m’a raconté « J’ai cru que tu nous annonçais que tu allais mourir. J’ai cru que mon cœur s’arrêtait ». Jacques, merveilleux Jacques. Jamais aussi fort qu’à ce moment-là il ne m’a dit son affection et son attachement. J’en étais tourneboulée.
Coup de fil de Stéphan. Ils désirent aussi avoir un enfant. Nous avons imaginé que nos enfants jouent ensemble. Nos rires étaient émus.
Cela fait un mois que ma vie a basculé.
Encore aujourd’hui, une lettre de félicitation pour ma grossesse, de Renée.
Mon Dieu ! Quelle histoire !
22 décembre 1999
Lundi, je suis allée à l’hôpital à Genève pour de derniers contrôles. Au petit-déjeuner, Cécile m’a lu le texte du jour « N’aie pas peur. Chasse au nom du Christ la moindre petite peur. Qu’il n’en reste rien ».
Balade dans Genève avec Christine, qui m’accompagne. Amitié chère. Après un repas riche en mots, Christine me laisse à l’hôpital.
Jean-Michel Dayer m’accueille et partage avec moi sur Zürich, Fabian, ma vie, Marie-Luce. Si humain, si bon ! Il me dépose, comme un trésor, entre les mains de deux neurologues qui se montrent aussi humains et chaleureux. Délice ! Examens neurologiques physiques afin de clore positivement mon dossier. Bilan : c’est bon, bonne santé, rien à dire. Il parait que j’ai les pupilles décentrées. « Un charme de plus » plaisante l’un d’eux.
De retour vers Jean-Michel Dayer, je suis conduite pour une prise de sang. Pas d’attente et une piqure parfaite !
Voilà, c’est fait. Comme un trait tiré sur l’examen épouvantable de Kunzler. Je sais que je suis guérie.
ÇA Y EST !
Sur le répondeur tout à l’heure, la voix du Professeur Dayer « J’ai de bonnes nouvelles pour vous… Rien de pathologique dans les analyses qui ont été faites ».
Tombée sur le tapis. Crise de larmes et des cris bouche fermée. Seigneur, Seigneur, merci, merci, merci. Tumulte. Pensées entrechoquées. Certitude de ma guérison.
Fabian n’est pas là ce soir. Téléphoner à Caroline! Mais je sanglote. Le téléphone sonne. C’est Caroline ! Joie partagée et calme qui revient.
Puis lecture de Ta Parole. Jacob qui marche aux pas des enfants et dit « Tout me vient de Dieu ». Larmes de reconnaissance, à nouveau.
OUI, TOUT ME VIENT DE DIEU.
Dans « La mort intime » de Marie de Hennezel, je lis ceci « Mon enfant, la vie se donne à ceux qui la prennent à bras-le-corps. N’ayez peur de rien, vivez ! Vivez tout ce qui se présente, car tout, tout est DON DE DIEU !»
Vis et n’aie peur de rien car tout est don de Dieu. Voilà ! J’essaie.
Nous n’avions pas de téléphone portable en ce temps-là. J’ai donc dû attendre le retour de Fabian le lendemain pour lui annoncer la nouvelle. Il s’est éclairé d’un coup en s’écriant « J’en étais sûr ! ». Il m’a dit que quand il me regardait vivre, il ne pouvait pas du tout croire que j’allais bientôt mourir.
Nous avons fait la fête !
12 novembre 1999
Echange téléphonique avec le Professeur Dayer.
Un grand cri retentit dans le ciel. Alléluia, nous pouvons enfanter ! J’arrête la pilule !
16 novembre 1999
J’ai écrit une lettre sur un papier jaune tournesol. Je l’ai envoyée loin à la ronde, famille, amis, mes proches.
« A vous qui comptez pour moi, amis, famille,
J’ai passé trois ans dans la main de Dieu, là, dans le creux tiède. Trois ans à vivre dans Son souffle paisible. Trois ans incroyablement doux, incroyablement bons.
Trois ans riches de la tendresse de Fabian. Nourrie par son amour vivifiant. Trois ans de maturation pour notre couple, dans la clarté des mots et le chant des gestes.
Trois ans marqués par vos regards, vos sourires, par vos bras qui me serrent, par vos larmes aux miennes mêlées, par vos lettres, vos phrases, vos pensées-lumière, vos prières. Trois ans de vos voix parfois cassées qui se mettent à rire.
Et toute cette espérance…
Je viens d’apprendre dans ma chair que la vie gagne. Que les promesses sont tenues. Et que nous sommes des passeurs de vie.
Enfin mon corps s’harmonise avec mon âme… Délestée, libre… Plus de menace en héritage. Fabian et moi pourrons transmettre à nos futurs enfants le goût de la vie, de l’amour, celui de Dieu et le vôtre.
Merci pour l’indispensable de chacun de vous.
Et bienvenue dans ma nouvelle vie ! »
19 novembre 1999
Première neige. Je suis allée voir la forêt. Le silence, en haut, avec la neige qui s’est remise à tomber. Des petits flocons accrochés aux cils, j’ai écouté l’impressionnante immobilité des arbres. Un m’a appelée et j’ai collé mon corps au tronc. Il était chaud, vivant. Mes bras autour de lui, c’était comme s’il m’enveloppait. Le silence de la forêt était majestueux, ample, dense, fort.
Je suis Ta fille, Seigneur.
1er décembre 1999
J’ai reçu une lettre superbe de Sybille en réponse à la mienne. Plusieurs personnes qui ont reçu ma lettre faire-part de vie et d’espérance ont cru que j’annonçais une grossesse. Il y avait des lettres charmantes.
J’ai lu ceci « …ceux qui pleurent, …ceux qui crient, …ceux qui n’osent pas prier. C’est à eux que je veux donner la preuve, en les aimant comme toi, que tu viens à leur rencontre »
7 décembre 1999
Seigneur, Tu me libères. Je désire avoir des enfants et j’en aurai. Je me vois enceinte. Toute crainte a disparue. J’ai réalisé que Dieu sera là. Je ne serai jamais une mère seule et désespérée dans une ville étrangère, comme ma mère au début. Caroline était tombée du lit, et maman courait, en larmes, son bébé dans les bras à travers Bienne pour aller en urgence chez le pédiatre. Elle avait à peine 19 ans.
Tout nous est donné par Lui et Il est partout. Que craindre ?
10 décembre 1999
Je danse, je danse.
14 décembre 1999
L’autre soir, la voix tremblante de Pascale qui me raconte les larmes de Jacques lorsqu’il a lu ma lettre. Son émotion lorsqu’elle a parlé de ces 3 ans. Puis la voix fendue de Jacques quand il m’a raconté « J’ai cru que tu nous annonçais que tu allais mourir. J’ai cru que mon cœur s’arrêtait ». Jacques, merveilleux Jacques. Jamais aussi fort qu’à ce moment-là il ne m’a dit son affection et son attachement. J’en étais tourneboulée.
Coup de fil de Stéphan. Ils désirent aussi avoir un enfant. Nous avons imaginé que nos enfants jouent ensemble. Nos rires étaient émus.
Cela fait un mois que ma vie a basculé.
Encore aujourd’hui, une lettre de félicitation pour ma grossesse, de Renée.
Mon Dieu ! Quelle histoire !
22 décembre 1999
Lundi, je suis allée à l’hôpital à Genève pour de derniers contrôles. Au petit-déjeuner, Cécile m’a lu le texte du jour « N’aie pas peur. Chasse au nom du Christ la moindre petite peur. Qu’il n’en reste rien ».
Balade dans Genève avec Christine, qui m’accompagne. Amitié chère. Après un repas riche en mots, Christine me laisse à l’hôpital.
Jean-Michel Dayer m’accueille et partage avec moi sur Zürich, Fabian, ma vie, Marie-Luce. Si humain, si bon ! Il me dépose, comme un trésor, entre les mains de deux neurologues qui se montrent aussi humains et chaleureux. Délice ! Examens neurologiques physiques afin de clore positivement mon dossier. Bilan : c’est bon, bonne santé, rien à dire. Il parait que j’ai les pupilles décentrées. « Un charme de plus » plaisante l’un d’eux.
De retour vers Jean-Michel Dayer, je suis conduite pour une prise de sang. Pas d’attente et une piqure parfaite !
Voilà, c’est fait. Comme un trait tiré sur l’examen épouvantable de Kunzler. Je sais que je suis guérie.