1. Au commencement
Flaques de lumière et mots bleus
50 ans entre ciel et terre
A 25 ans, j’ai vécu une expérience qui a transformé ma vie.
Une nuit de feu qui ne s’est plus éteinte.
Depuis ce jour, je remplis des carnets.
Que ce que je vais te partager soit une étincelle dans ta vie.
Au commencement
C’est un monde dans l’obscurité, avec des flaques de lumière.
Si l’être humain le veut bien, Dieu le prend par la main pour avancer pas à pas en posant les pieds dans la lumière.
Ces flaques sont des parcelles de ce qui attend l’être humain. Ce sont des « morceaux de paradis ».
Parfois, il suffit de goûter une fois à cette lumière pour avoir besoin de la chercher tout au long du chemin.
Parfois, il faut être guidé.
Et cahotant, hésitant, trébuchant, l’être humain avance.
C’est cette faim de lumière qui me donne la force d’être debout
Claude Vigée
On croit parfois que la vie peut être simple. Qu’il suffit d’avoir reçu assez d’amour de ses parents, d’avoir du caractère et une certaine assurance. Et puis, la vie elle-même vient défaire les illusions. Si on la laisse faire, elle peut tricoter un étrange mélange de couleurs, conduire vers des dimensions insoupçonnées et nous faire entrer dans un monde difficilement explicable avec des mots. C’est ce que la vie a fait avec moi.
Denis Langlois a écrit : La vie est un long fleuve tranquille. Ce sont les rives qui sont dangereuses. Il ne faudrait jamais aborder.
Comment vivre sans aborder ? Naître, n’est-ce pas déjà quitter l’eau ?
Sortir de la source tiède pour vivre sur les rives, c’est ça, vivre.
Lorsque j’étais petite, j’aimais rejoindre ma maman sur le sofa du salon. Elle était allongée sur le côté, les jambes un peu repliées. Moi, je me réfugiais dans le creux de ses genoux. J’étais dans un triangle doux dessiné par le dossier du sofa et les jambes de ma maman. Là, je nichais. Et puis, j’ouvrais mon cœur et je disais : « J’aimerais bien retourner dans ton ventre ». Je savais très bien que c’était impossible. Il m’était parfaitement clair que ce que je visualisais comme un bain chaud dans son ventre était définitivement inatteignable. Mais j’aimais y penser et j’aimais le dire. Je sentais alors la main de ma maman se poser sur ma tête, puis caresser mon dos. Je fermais les yeux, comblée.
Dès que la vie s’installe, elle fait face au péril. Même dans le fleuve, il y a parfois des écueils. Pour beaucoup d’entre nous, les mois dans le ventre de notre mère sont un temps de développement sous protection. On sent des mouvements. On découvre des goûts. Il y a des émotions qui nous font palpiter en écho. On entend un cœur qui bat, des voix. Lentement, le corps se forme. Au fil des mois, une relation se tisse. On sent qu’on nous touche, on réagit en donnant des petits coups. Un morceau de musique peut même nous faire danser. Tout notre être se prépare à naitre.
Pour d’autres, le péril est bien présent. Un non-désir peut conduire à l’avortement. Ou alors au rejet. L’impossible découle sur une fausse-couche. Et il y a tous ces récifs qui font que le corps ne va pas pouvoir prendre sa forme habituelle.
Le rivage est là, dès le premier cri. On inspire, l’air emplit nos poumons. Nous sommes sur la rive. Alors, le danger commence vraiment. Parce que la vie ne tient qu’à un fil. On le sait, n’est-ce pas ? Mais on n’aime pas le savoir. Pourtant, il suffit d’une seconde d’inattention, d’un mauvais choix, d’être juste là où il ne fallait pas, d’une maladie grave qui s’installe, il suffit de si peu pour que la mort vienne sur la rive.
Si le corps reste vivant, il arrive que des prédateurs se promènent sur le rivage. Ils veulent se nourrir de notre âme. Les abus, la violence, le mépris, le rejet, la haine, les jugements sont des pièges devant nos pieds. Alors, on peut se demander quel sens à la vie si notre corps et notre âme ne cessent d’être en danger.
C’est là que vient se poser la question de l’esprit.
On peut vivre longtemps sans avoir conscience que nous sommes un esprit. On a un corps, on a une âme où se logent nos pensées et nos émotions. Et on croit que nous sommes parés pour la vie. Il m’a fallu 25 ans pour prendre conscience que j’étais un esprit qui avait une âme et qui vivait dans un corps.