Éducatrice spécialisée HES-SO, coach membre de SECA, enseignante, auteure, peintre

D'un jardin à l'autre, au souffle du jour, où es-tu?

2019

38x61 / Acrylique, papier, mastic, sable, encre
Vendu
Chant : Yeshua / Fernandinho

 Au moment de la brise du soir, ils entendirent l’Eternel Dieu parcourant le jardin. Alors l’homme et sa femme se cachèrent de l’Eternel Dieu parmi les arbres du jardin. Mais l’Eternel Dieu appela l’homme et lui demanda : "Où es-tu ? " 
Genèse 3 : 8-9


Fin 2017: je visite une exposition de Doris Renner. Son style m’intéresse et je lui demande spontanément si elle donne des cours.
Me voilà un matin par semaine dans son atelier, entamant l’aventure de la peinture.
Je me lance, sans savoir que je vais devenir peintre et exposer. J’apprends, je m’amuse, j’expérimente.

2018: je décide d’oser un format plus grand que mes petits tableaux habituels.
Je colle du papier de soie, j’applique du mastique mêlé de sable. J’ai envie de verts, de jaune, de bronze. Le résultat est une énigme. Il y a quelque chose de vague qui me parle du jardin d’Eden.
Lorsqu’il est sec, je l’emporte à la maison. Et je le laisse dans un coin.
Doris Renner me propose de faire partie d’un groupe d’artistes, WynArt. Je ne me sens pas du tout artiste, mais pourquoi pas ?

Première réunion du groupe. Nous faisons connaissance. Il y a des peintres, une photographe, des céramistes. C’est chaleureux et accueillant.
La fondatrice, Elvira Schmed, demande qui participera à la prochaine exposition en groupe qui aura lieu en 2019. Des mains se lèvent.
Elle se tourne vers moi. «  Et toi ? »
Non. Je ne suis pas une artiste et je n’ai peint que très peu de tableaux.
« Et alors ? Tu as encore du temps jusqu’à l’expo ».
Je sens une poussée dans le dos. Un murmure en moi m’encourage : « Allez, pourquoi pas ? ». Bon, d’accord. Puisque je suis en chemin, autant aller aussi loin que possible.

2019 : je peints avec passion. Je regarde les anciennes toiles commencées, dont celle-ci. Je l’examine sans la comprendre. Il y a de la végétation, deux formes et un étrange soleil. J’entends un murmure : « Où es-tu ? ». C’est la question que pose Dieu dans le jardin alors que les humains se sont cachés après avoir brisé l’alliance avec Lui.
J’écris cette question en hébreu. Une encre rouge y dépose son sang.
Peu convaincue, je montre ce tableau à ma première exposition. Comme je dois trouver un titre, celui-ci vient, sans que j’en saisisse le sens.
D'un jardin à l'autre, au souffle du jour, où es-tu ?
Pourquoi « D’un jardin à l’autre... » ?
Je l'expose, un peu gênée.

2020 : il est dans ma deuxième exposition. Je ne sais pas quoi en dire.
2021 : je le montre juste parce qu’il s’harmonise un peu avec d’autres tableaux dans une nouvelle exposition avec le groupe d’artistes.
2022 : je choisis de ne pas l’exposer. Mais Toda, la maison de prière où je vais exposer pendant trois mois est immense et je découvre que je n’ai pas assez de tableaux pour couvrir tous les murs. Donc, je le prends pour remplir un trou.
 
Lors de cette exposition, j’organise des visites guidées méditatives. Je fais un récit de chaque tableau aux personnes qui y participent. Au fil des visites, je découvre la profondeur de ce tableau au point où je me mets à l’aimer.
C'est à ce moment qu'une personne, de passage dans cette maison, sans m’avoir entendu en parler, l'achète.
Lorsque nous nous rencontrons, je lui parle du tableau.
 
Ce tableau raconte trois jardins.
Dans le premier jardin, c’est dans la Genèse, au tout début de la Bible.
Les humains ont désobéi et brisé l'alliance avec le Créateur. Ils ont honte et désirent se dérober au regard de Dieu. Lui, Il sait où se trouvent les humains et ce qu’ils ont fait. Pourtant, Il leur demande : « Où es-tu ? »
C’est la démonstration de la délicatesse de Dieu qui tend Sa main et attend que nous La saisissions. Il montre Sa tendresse à nous chercher, alors qu’Il sait que nous L’avons trahi, que rien ne sera plus comme avant et que nous sommes perdus.
Il sait déjà qu’Il devra offrir Son fils en sacrifice pour rétablir l’alliance. Sa question est déjà teintée du sang de Jésus.
A cause des choix des humains, le jardin se salit de rejets, de mensonges, de reniements, de souffrance et de mort.
Malgré cela, Dieu nous cherche avec patience et bonté.
 
Le deuxième jardin se trouve dans les évangiles, au début du Nouveau Testament.
Nous sommes devant un tombeau ouvert et vide. Marie de Magdala est éplorée parce qu’elle croit qu’on a volé le corps de Jésus. Elle distingue un homme qu’elle pense être un jardinier. Elle lui demande « …dis-moi où tu L’as mis ? ». Elle questionne : « Où est-Il ? » Il l’appelle par son nom. Alors, elle reconnait Jésus, vivant. Il l’envoie raconter cela aux disciples. Il est vivant !

Le troisième jardin se dévoile dans le dernier livre de la Bible, l’Apocalypse.
Il y a un nouveau ciel et une nouvelle terre. La Nouvelle Jérusalem descend, splendide, lumineuse et ouverte.
Au milieu, un arbre de vie pour une Vie éternelle.
Dieu est là, avec nous.
 
Dans le jardin de nos erreurs, nos échecs et nos errances, Dieu nous tend la main. Dans le jardin de la résurrection, Jésus a vaincu la mort, nous sauve et nous envoie.
Dans le jardin de la Vie, il y a une place pour nous.
D'un jardin à l'autre, Dieu ne cesse de nous dire Son amour.
 
Et toi, où es-tu ?